La symphonie sanglante de Children of the Sun

Publié par Devolver Digital et créé par René Rother ‘(solo dev allemand), Children of the Sun est un jeu au style unique, complété parfaitement par une bonne histoire de vengeance. Le personnage principal, une figure masquée, sans parole, se lance dans une quête pour démanteler un culte tordu. Cette remarquable tireuse d’élite télékinésiste, connue sous le nom de The Girl, a la capacité de manipuler chaque balle qu’elle tire, créant ainsi des chemins de sang à travers les scènes du jeu. Children of the Sun a attiré l’attention depuis sa sortie en démo. Il est sombre. Son esthétique unique s’aligne sur la gamme Devolver, qui comprend Hotline Miami, Heavy Bullets et Mother Russia Bleeds. La violence y est représentée de manière abstraite. Les visuels ne sont pas conventionnels, ce qui ajoute au plaisir de l’expérience !

NDLR : Nous avons reçu une clé du jeu envoyé par Devolver Digital pour Steam. Nous les remercions pour leur confiance !

Une histoire cryptique pour un gameplay efficace

Vous incarnez donc The Girl, qui mène une guerre vengeresse contre la secte éponyme qui a ruiné sa vie. Alors que les membres de la secte sont réduits en chair à pâté l’un après l’autre derrière le viseur vindicatif de votre fusil de sniper, vous remontez progressivement la chaîne alimentaire jusqu’à ce que vous vous retrouviez face à face avec votre véritable cible : Le Leader. Au cours de ce voyage, des flashbacks dessinés à la main révèlent des informations sur les crimes horribles commis par cette mystérieuse secte et sur les raisons déchirantes qui poussent la jeune fille à se venger.

Ces cutscenes ne comportent aucun dialogue, mais ce n’est pas une mauvaise chose ! La narration est volontairement minimaliste, vous bombardant de souvenirs troublants qui sont à la fois laconiques et chaotiques. Cette approche dispersée rend difficile la collecte de toutes les informations disponibles, ce qui est probablement intentionnel. Cela peut vous donner l’impression d’être un peu perdu et légèrement détaché de l’histoire par moments, mais cela fait partie de l’expérience ! Le style artistique saisissant du jeu est parfaitement complété par un paysage sonore discordant de bruit blanc ambiant. Les violets profonds et les jaunes vifs créent un ton surréaliste qui vous donne vraiment l’impression d’être dans un monde brutal de crasse saturée. Les sectaires répandent leur maladie trompeuse comme des rats infestés par la peste, souillant les motels miteux, les forêts lugubres et les immeubles d’habitation abandonnés.

Children of the sun

Il est facile de voir les influences de Killer7, Sniper Elite et des derniers jeux Hitman. Mais il y a aussi de jolis échos de Ghost Trick : Phantom Detective, où les objets inanimés sont imprégnés d’une force paranormale qui leur permet d’interagir avec l’environnement et le corps des gens, à votre avantage. Au début d’un niveau, vous n’avez pour ainsi dire qu’une vue étroite de l’ensemble de la carte. Dans l’idéal, vous voulez repérer tous les cultistes avant d’appuyer sur la gâchette, afin de pouvoir planifier votre action à l’avance, un peu comme lorsque vous scannez une pièce dans Hotline Miami avant d’en défoncer la porte. Le plus souvent, vous devez d’abord en tuer quelques-uns pour en repérer d’autres ou obtenir une meilleure vue de l’extrémité d’une zone. Le jeu vous encourage à essayer et à essayer encore jusqu’à ce que vous ayez rassemblé toutes les informations visuelles dont vous avez besoin.

Le temps ralentit lorsque vous déplacez la balle, ce qui est très bien, car il s’arrête complètement lorsque vous atteignez une cible. Cela vous permet de respirer un peu et d’adopter une autre perspective. Vous pouvez tirer sur des oiseaux pour prendre de l’altitude ou sur des réservoirs d’essence pour trouver un angle qui vous permettra de continuer à enchaîner les cibles. De plus, vous êtes récompensé par un système de score lorsque vous exécutez un meurtre avec style et originalité. C’est le moyen idéal de changer les choses après la phase d’exploration. Vous vous demanderez si votre plan peut être exécuté rapidement ou si vous devez essayer quelque chose de différent. 

Children of the Sun est un jeu qui vous fera battre la chamade. L’histoire est très évocatrice, et les images et la musique sont absolument magnifiques. Mais c’est le gameplay innovant qui fait vraiment briller ce jeu. Au début de chaque niveau, vous devez déplacer le protagoniste vers la gauche ou vers la droite sur un chemin prédéterminé. Parfois, vous pouvez naviguer autour d’un niveau en décrivant un cercle complet de 360 degrés. D’autres fois, vous ne pourrez vous déplacer que de quelques mètres avant d’être gêné par un arbre tombé ou une berge abrupte. À partir de là, vous pouvez vous faire une idée du terrain, repérer les ennemis et déterminer la meilleure position pour tirer. Une fois que vous avez visé avec la lunette et appuyé sur la gâchette, la caméra s’arrête sur la couronne de la balle qui s’élance dans les airs. 

Children of the sun

Au fur et à mesure que vous progressez dans l’histoire et que de nouveaux types d’ennemis font leur apparition, vous obtenez des pouvoirs supplémentaires pour contrer les cultistes dotés de boucliers et d’armures, ainsi que les environnements de plus en plus élaborés qu’ils habitent. Le premier de ces pouvoirs vous permet de prendre le contrôle direct et de courber doucement les balles comme James McAvoy dans le film Wanted de 2008. C’est utile pour tirer par-dessus les murs et courber le tir pour qu’il descende et atteigne les cultistes de l’autre côté, ou simplement pour modifier la trajectoire de la balle afin de garantir qu’elle atterrisse sur la cible.

Une autre capacité permet de révéler les points faibles des ennemis, qui, une fois détruits dans une pluie de sang au ralenti, vous donnent le pouvoir de rediriger la balle en plein vol. Vous pouvez ainsi tirer sur un ennemi protégé par un bouclier, puis faire pivoter la balle pour l’atteindre à l’arrière de la tête, annulant ainsi sa protection pare-balles. D’autres fois, vous pouvez utiliser cette technique pour vous échapper d’un bâtiment et y revenir ailleurs ou tirer dans le ciel pour avoir une meilleure vue de la zone et découvrir un ennemi jusque-là insaisissable. Les cultistes blindés, quant à eux, représentent un défi tout à fait différent. Le seul moyen de pénétrer leur épaisse armure est d’utiliser un tir puissant, que l’on obtient en maintenant la gâchette enfoncée pendant toute la durée du vol de la balle. Ces tirs nécessitent une distance suffisamment grande entre les cibles pour atteindre la vitesse nécessaire à l’explosion du blindage, ce qui fait de l’élimination de ces ennemis un problème unique. Mais c’est toujours un plaisir de voir la balle atteindre des vitesses supersoniques avant d’exploser la défense du cultiste, désormais inutile.

Trouver une solution à l’énigme macabre de chaque niveau est immensément satisfaisant, surtout lorsque les essais et les erreurs sont légion. Vos premières tentatives peuvent consister à explorer timidement pour trouver l’emplacement de tous les cultistes, puis à trouver le meilleur moyen de les transpercer. Vous pouvez également utiliser l’environnement à votre avantage, en tirant sur les bouchons de carburant et les bidons d’essence des véhicules pour éliminer plusieurs ennemis en une seule explosion violente. Vous pouvez aussi faire exploser une voiture pour obtenir un meilleur angle de vue ou tirer sur un pigeon qui vole au-dessus de vous pour avoir une vue d’ensemble de la zone. J’aurais aimé qu’il y ait plus d’opportunités de tuer dans l’environnement que de détruire des véhicules et des barils explosifs, mais le fait de restreindre la façon dont vous pouvez interagir avec le monde qui vous entoure ajoute au défi et au sentiment d’accomplissement lorsque vous sortez victorieux.

Children of the sun

Le ton macabre de Children of the Sun s’associe bien à la gamification humaine. Tirer sur un bras rapporte 25 points. Tirer sur l’aine rapporte 50 points à la place. La violence à outrance devient gratuite après avoir vu les mots « I Just Killed a Man, Now I’m Horny » (Je viens de tuer un homme, maintenant je suis excité) avant de jouer à un mini-jeu de type Pac-Man dans un niveau spécial. Le ton abrasif n’est jamais considéré comme une simple façade destinée à choquer, mais il s’épanouit plutôt dans son caractère répugnant.

Level design de zinzin

Children of the Sun adopte une approche non conventionnelle pour la conception de ses niveaux. La vision initiale du développeur était très différente du produit final. Au départ, l’idée était d’explorer un environnement en liberté, de repérer des cibles avant de déclencher un seul tir avec un effet bullet-time. Cependant, les complexités de l’IA ennemie, des contrôles du personnage et des animations sont rapidement devenues apparentes. Équilibrer ces éléments en tant que développeur solo aurait transformé le projet en un jeu d’infiltration à part entière, s’éloignant du concept initial.

Cette prise de conscience a conduit à une décision de conception cruciale : éliminer l’exploration libre et adopter un système de chemin fixe. Inspiré par des titres comme Killer7 et Hitman, Children of the Sun a troqué la liberté du monde ouvert pour des mécanismes plus focalisés. Cette approche simplifiée a donné naissance à un jeu facile à prendre en main et à jouer, même avec une seule main sur la souris. La force de ces jeux réside dans ses limitations, offrant une expérience unique grâce à ses contrôles « maladroits » et ses énigmes obscures. Hitman, en revanche, excelle par son polish et la liberté qu’il accorde au joueur dans son monde méticuleusement conçu. Le jeu de René Rother cherche à capturer l’essence des deux – en exigeant de la patience et de l’expérimentation tout en permettant aux joueurs de découvrir plusieurs solutions dans chaque niveau.

Children of the sun

La conception des niveaux dans Children of the Sun est un processus itératif. Le créateur commence par créer une disposition de base, en plaçant stratégiquement les ennemis et en imaginant une solution intéressante. Grâce à des tests répétés, le niveau évolue – des ajustements sont faits, et des solutions alternatives sont découvertes. La complexité d’un niveau peut être considérablement modifiée en déplaçant simplement des éléments, ce qui souligne l’importance d’un raffinement méticuleux. Des capacités déblocables permettant un meilleur contrôle de la balle introduisent de nouvelles variables pour les créateurs de niveaux et les joueurs. Cette approche vise à maintenir le jeu simple et rejouable, offrant aux joueurs la possibilité de se lancer dans des sessions rapides ou de se plonger dans les complexités pendant des heures.

La conception des niveaux de Children of the Sun est un témoignage de la puissance d’un développement ciblé. En acceptant les limitations et en s’inspirant de sources non conventionnelles, le développeur a créé une expérience unique et engageante qui donne la priorité aux mécanismes de base et à l’agence du joueur au sein de ses stages méticuleusement conçus.

Des graphismes punks

Plonger dans l’univers de Children of the Sun, c’est se laisser transporter dans une expérience unique, où chaque détail a son importance. Bien que l’histoire puisse sembler familière, elle révèle en réalité des couches de mystère et d’intrigue qui captivent l’imagination. En démarrant le jeu, j’ai réalisé combien de jeux récents tournaient autour de la lutte contre des cultes. Like a Dragon : Infinite Wealth, The Last of Us Part 2 Remastered et Alone in the Dark figurent en tête de liste. C’est un territoire bien connu, et Children of the Sun ne peut pas vraiment en faire grand-chose avec ses cutscenes motion comic minimalistes qui semblent sortir d’une bande dessinée de Garth Ennis. Je me surprends à lever les yeux au ciel face à un jeu vidéo dont la nervosité est devenue ennuyeuse.

Children of the Sun est un véritable régal lorsqu’on s’y attarde et qu’on l’apprécie comme un jeu sauvage et violent. Il possède le même type d’énergie dérangeante que les films de Jeremy Saulnier, un réalisateur connu pour ses méditations viscérales sur la violence telles que Blue Ruin et Green Room. Children of the Sun fait des choix similaires en termes d’esthétique oppressante, ce qui est excellent car cela fonctionne vraiment pour le film. C’est un jeu claustrophobe, jusqu’au fait que je suis toujours prisonnier d’un petit cercle dans lequel je ne peux naviguer que dans deux directions rigides.

Children of the sun

Les images obsédantes font vraiment ressortir le malaise. Le jeu de René Rother a un style artistique sombre et fracturé qui marque la rétine. C’est comme si on regardait le monde à travers une lunette thermique, réduisant les personnes réelles à des boules de chaleur qu’il est facile de viser. Les niveaux sont baignés de gris profonds et de violets, tandis que les ennemis ont des reflets dorés. Ils ressemblent moins à des humains qu’à des trophées – une récompense à obtenir après les avoir tués. Le design sonore est si intense qu’il rend un peu malade, mais dans le bon sens du terme ! Ce n’est pas le craquement d’une balle frappant un crâne qui fait sursauter à chaque fois, c’est le bourdonnement électronique qui s’infiltre dans nos tympans. Il n’y a pas tant de musique ici qu’un assaut chaotique de synthétiseurs distordus. Ils ensevelissent le monde sous un mur de bruit brutal. Le son est aussi épais que le sang que l’on fait couler dans le jeu.

Children of the Sun

Il existe de nombreux jeux qui explorent la vengeance par la violence, et (pour éviter la répétition qui arrive juste après)Children of the Sun ne fait pas vraiment avancer la conversation de manière significative. Mais il a un impact ! Vous serez accroché, vous vous interrogerez sur les moindres détails de votre série de meurtres jusqu’à ce que vous appuyiez finalement sur le bouton Quitter et que vous vous installiez dans une sorte de silence troublant.

Un jeu Devolver core

Devolver Digital a établi sa réputation en tant que maison d’édition audacieuse et avant-gardiste. Children of the Sun incarne parfaitement cet esprit de créativité sans compromis tout en rendant hommage aux racines de la marque.

Dès les premières minutes de jeu, l’écho d’Hotline Miami résonne avec puissance. Les néons éclatants, les couleurs vives contrastant avec des environnements sombres, et la bande-son électronique énergique transportent instantanément les joueurs dans un monde familier mais unique. L’esthétique, bien que rappelant celle de son prédécesseur, se distingue par son propre style, évoquant une atmosphère oppressante et sinistre qui lui est propre.

Cependant, Children of the Sun ne se contente pas de répéter les succès passés. Il pousse les limites du genre du puzzle/shooter en introduisant des mécaniques de gameplay innovantes. La capacité du personnage principal à contrôler la trajectoire des balles avec la télékinésie ajoute une nouvelle dimension stratégique, obligeant les joueurs à repenser leur approche tactique à chaque confrontation. Cette innovation, tout en rappelant les expériences antérieures de Devolver, apporte une fraîcheur bienvenue au genre.

Children of the sun

Au-delà de son gameplay innovant, Children of the Sun explore des thèmes profonds et souvent sombres. L’histoire de vengeance du personnage principal contre une secte tordue offre une toile de fond riche en potentiel narratif. Alors que les joueurs progressent à travers le jeu, des flashbacks dessinés à la main révèlent des détails troublants sur les motivations du protagoniste et les crimes de la secte, créant une expérience immersive et émotionnelle.

Children of the Sun s’inscrit parfaitement dans l’ADN de Devolver. Comme d’autres titres emblématiques de la marque, tels que Hotline Miami et Serious Sam, il combine violence stylisée, esthétique distinctive et gameplay novateur pour offrir une expérience mémorable et engageante. En explorant des thèmes profonds tout en conservant un ton irrévérencieux et accessible, le jeu capture l’esprit de Devolver et le projette vers de nouveaux horizons.

Les fans des jeux de Suda51, et en particulier du classique Killer7 sur GameCube/PS2, seront probablement attirés par Children of the Sun en grand nombre. Le style de mouvement et le sens du caractère du jeu seront immédiatement reconnaissables pour beaucoup, tout en réussissant à établir sa propre identité. Le feedback reçu pour chaque meurtre réussi et la satisfaction tirée de la destruction d’un niveau de l’extérieur vers l’intérieur ne perdent jamais leur attrait, ce qui fait qu’il est difficile de s’abstenir de chercher d’autres défis après le générique de fin. Les amateurs de puzzles spatiaux ou de jeux d’action originaux trouveront ce jeu particulièrement captivant, tandis que ceux qui privilégient les meilleurs scores s’affronteront sur les tableaux de classement et partageront les clips vidéo de leurs meilleurs scores dans les jours à venir. 

Sources 

https://www.pastemagazine.com/games/children-of-the-sun/children-of-the-sun-interview-rene-rother-devolver-digital

https://gamerant.com/children-of-the-sun-interview-melancholy-quiet-storytelling-good

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