Game’n Breakfast – Kemist
Bienvenue en ce dernier dimanche du mois de février 2024. Au moment où le marathon de speedrun Speedons s’approche à grand pas, il m’a semblé judicieux de parler de cette discipline qui gagne de plus en plus en visibilité. Pour en discuter, qui mieux que Kemist, l’expert de la roulade qui finit Elden Ring avant même que l’on arrive à débloquer Torrent ? Vous le comprendrez rapidement, ce chimiste a troqué les éprouvettes pour un chronomètre qui rythme ses parties. Nous allons donc partir à la découverte de ce personnage, du speedrun et du lien entre les deux. Concernant Game’n Breakfast, comme annoncé le mois dernier (ici), celui-ci est le dernier épisode à sortir de manière mensuelle. Tout simplement, car en diversifiant les formats, le temps me manque et que dans un souci d’éviter les répétitions, je préfère espacer les numéros pour gagner en qualité et me concentrer sur des profils variés et peu connus. Mais pas de panique, nous nous retrouverons sans faute dans quelques semaines pour rencontrer une nouvelle personne. En attendant, installez-vous confortablement, Kemist nous attend.
Comme le laisse supposer son pseudo, Kemist n’a pas fait d’étude en relation avec le jeu vidéo. Sa scolarité s’est faite du côté des sciences, comme peuvent en témoigner les différentes références dans l’univers de son stream. Il obtient une licence puis un master de chimie en 2023. Le jeu vidéo est une passion d’enfance. Dès tout petit, il joue à bon nombre de titres. Pendant le lycée, c’est Nintendo qui trouve grâce à ses yeux, mais c’est en licence qu’il a enfin les moyens de s’acheter son premier PC. Kemist se retrouve avec une quantité quasi-infinie de jeux et il en écluse autant qu’il peut. Au passage en Master, il a enfin accès à la fibre et à la possibilité de streamer. Toujours dans l’idée d’exploiter au maximum la pléthore de titres à disposition, il donne dans le multigaming. Il couvrait toutes les sorties, mais également des classiques. C’est de cette manière qu’il découvre Dark Souls 3 et qu’il commence à plonger dans l’univers de FromSoftware. Il enchaîne ensuite avec la version originale émulée de Demon’s Souls, un ami lui permet de faire Bloodborne, toujours dans l’optique de la découverte. En regardant un run d’1TLAU sur Sekiro, c’est la révélation, le speedrun est loin d’être réservé aux jeux rétros, comme Super Mario 64 ou The Legend of Zelda: Ocarina Of Time. Pour lui, jusque-là, le speedrun était une discipline de nostalgiques pas vraiment accessible à la nouvelle génération de joueurs. Le choc est violent, il voit un runner malmener un jeu sur lequel il s’est acharné pendant des heures. Kemist se dit que si d’autres peuvent le faire, pourquoi pas lui ? À ce moment, nous sommes fin 2021, le prochain jeu de FromSoft est sur le point de sortir, un certain Elden Ring. C’est un titre qu’il attend de pied ferme et il lui paraît logique de ne pas se lancer dans le speedrun alors qu’il sait très bien qu’il va tout lâcher pour le tant attendu open world du studio japonais. Il laisse donc l’idée de côté.

Le 25 février 2022, Elden Ring est livré au public. Kemist se lance, il termine le jeu avec un personnage orienté force, puis un centré sur la dextérité, un autre sur la magie. L’envie de corser le challenge se fait ressentir, il entend parler de joueurs qui terminent le jeu en restant niveau un. C’est donc à son tour de pimenter son expérience, la discipline est cool, il s’amuse, mais ça ne reste, au final, que faire un quatrième personnage. L’attrait pour le jeu ne diminue pas, mais il se retrouve à court de contenu. Le new game + n’a aucun intérêt pour lui. La question s’est donc posée : que faire quand tu connais chaque recoin de l’aventure qui t’est proposée ? C’est là que le speedrun pointe le bout de son nez. Un événement encourage les gens à faire du speedrun, le Purgatory%. Le but est d’éliminer les quinze boss majeurs en restant niveau un. Kemist a une semaine de pause dans ses partiels, il se lance donc dans l’apprentissage du run. En une semaine, il arrive à finir en six heures. En travaillant encore, il descend rapidement à trois heures, ce qui est un très bon début. Le défi du chronomètre le tient en haleine, il commence à développer sa méthodologie d’apprentissage. Kemist s’essaie à plusieurs catégories, mais celles qui retiennent son attention sont celles qui proposent le plus de contenu, car elles le font rire. Les catégories les plus compétitives, même si elles sont plus restreintes, ont leur intérêt du fait que les temps et les stratégies évoluent constamment. De fil en aiguille, cela fait maintenant plus de deux ans qu’il “bombarde” le speedrun et qu’il y trouve toujours autant le plaisir.
Aujourd’hui, Kemist est passé de streamer multigaming à runner de Souls. En découvrant les jeux FromSoftware, même s’il les avait trouvés bons, ils ne l’ont pas plus marqué qu’un The Witcher 3, Red Dead Redemption 2 ou Monster Hunter. C’est véritablement le côté speedrun très rigide, challengeant et compétitif si particulier qui l’attire. Chaque run est différent car les combats ne sont jamais vraiment les mêmes, il en découle le besoin d’une exécution parfaite. Pour résumer, il n’a pas vraiment d’affect pour l’univers, mais le gameplay en fait des speedruns à part. Les possibilités sont tellement nombreuses qu’avec tous les objectifs qu’il s’est donné, il n’a pas le temps de s’essayer à d’autres speedruns. Kemist pousse les catégories qu’il choisit le plus loin possible, ce n’est donc pas rare qu’il passe six mois à optimiser sa route. Sachant qu’il y a entre cinq et dix catégories par jeu, il a encore de belles années devant lui. Mais l’idée de s’essayer à autre chose reste bien au chaud. Il a envie de tester des speedrun de Dishonored, Celeste, Super Mario Wonder, mais aussi de JRPG comme Fire Emblem. Ce qui l’intéresse, c’est de découvrir de nouvelles méthodes inhérentes à ces différents genres de jeux. Kemist aime beaucoup faire du repérage, regarder ce que font les autres. Lors des événements dédiés, il peut discuter avec les autres runners pendant qu’ils s’entraînent, voir les subtilités des différents types de run. Il y a toujours quelque chose d’intéressant, comme la recherche de glitch, domaine qu’il ne maîtrise pas. Ça vient avec l’expérience, le runner développe un flair pour les failles à exploiter.
Pour le moment, Kemist n’a pas encore créé un run de A à Z, il se lance sur ceux déjà présents sur le leadboard. Il faut savoir qu’il existe le site speedrun.com qui fait office de classement officiel et sur lequel il faut soumettre les temps réalisés pour qu’ils soient validés. C’est un peu le Guinness book du speedrun. Si on sélectionne un jeu, on arrive sur le leadboard, tableau qui regroupe les run les plus joués avec les meilleurs temps réalisés. Kemist part donc de ce récapitulatif pour trouver le challenge qui lui fait envie. Il commence par regarder le tenant du titre pour voir à quoi ressemble le run. C’est un bon début, mais ça ne donne pas toutes les techniques pour tenter de rivaliser avec le détenteur de la première place. Dans le speedrun, l’entraide joue un rôle majeur. La communauté est la première source d’informations. Un des meilleurs moyens de découvrir quelques secrets est d’aller sur le serveur discord de ladite commu pour y trouver des astuces, des guides ou des éclaircissements. Les serveurs autour des jeux Mario en sont un très bon exemple. Nous pouvons y trouver des soluces avec plusieurs niveaux de difficulté, du très facile pour entrer dans la run au très difficile pour aller grappiller les précieuses secondes qui rapprochent du sommet. Le lien avec les autres runners est donc primordial. Ensuite, il faut regarder des runs à la pelle pour tenter de saisir où il est possible de s’améliorer et d’affiner l’exécution des différents setup (mise en place de certaines mécaniques, passer au-delà des murs par exemple). Le troisième pilier, c’est de se renseigner sur les outils d’entraînement. C’est une des choses qu’il aurait appréciée savoir plus tôt, car il aurait gagné beaucoup de temps. Ce sont généralement des outils simples qui permettent la sauvegarde et le chargement rapide ou la téléportation. Afin de maîtriser un skip, un raccourci en français, il est plus facile de pouvoir recommencer en quelques secondes plutôt que de revenir en arrière normalement voir reprendre le jeu au début dans certains cas. Ces trois conseils assurent un gain de temps considérable en comparaison à un apprentissage à la dure, seul dans son coin. Pour être un peu plus concret, revenons aux souls. Il existe un logiciel qui permet de copier-coller des sauvegardes en un instant afin de pouvoir revenir où l’on veut pour s’entraîner. Il est également possible de se rendre invincible, de voir les triggers (point de passage qui déclenche des événements comme l’arrivée d’un géant à l’entrée d’un château), de bloquer les boss ou de se téléporter. Sans ça, mourir dans un souls, c’est attendre l’écran de mort qui est un écran de chargement, réapparaître, quitter le jeu et recharger la sauvegarde, car elle ne peut être manipulée que dans le menu principal. Autant dire que lorsque ça doit être fait des dizaines, des centaines de fois pour comprendre une technique. Chaque seconde gagnée à l’aide d’un outil est la bienvenue. Dès qu’il meurt, Kemist appuie sur une touche qui fait crasher sa partie, mais pas le jeu, et il relance la partie directement depuis le menu principal et c’est reparti. Dans le try-hard, il faut savoir se faciliter la vie. Si on reprend le déroulé, après s’être renseigné et avoir identifié la route qu’il va réaliser, il regarde un run deux ou trois fois (plus si c’est compliqué) à laquelle il rajoute des clips des passages critiques. Il lance ensuite un premier run, et à chaque point clé (chaque skip, chaque boss), il fait une sauvegarde. Une fois la route terminée, il sait où il doit s’entraîner grâce à ses sauvegardes. En plus de ça, ce premier passage permet de se faire un premier avis sur le run final. Ensuite, il préfère prendre chaque point critique pour s’exercer. Une fois qu’il se sent à l’aise, il se lance dans un boss rush fois trois, l’objectif est de faire toutes les exécutions trois fois de suite. Il estime que pour valider un point sensible, il doit être capable de le faire trois fois sans erreur. Imaginons qu’à l’étape douze, il rate le troisième passage, il reprend à la première itération avant de passer à l’étape treize. Cette méthode, en plus de s’améliorer, apporte un aspect ludique à un objectif. Sans ce côté amusant, il est assez facile de s’ennuyer, voire de devenir négligent, ce qui est l’ennemi d’un run efficace. Nous arrivons au premier véritable objectif : rentrer le run en une seule session ! L’étape précédente permet de créer des automatismes, mais ce qu’il ne faut pas oublier, c’est que les souls comportent certains passages ardus. Certains jeux demandent moins de rigueur, comme un Mario Odyssey. Atteindre les meilleurs temps reste un challenge, mais une erreur ne mène pas à une mort punitive comme ça peut être le cas dans les jeux qui nous intéressent aujourd’hui.
Maîtriser un run demande de la patience, mais cela dépend avant tout de l’objectif. Si nous prenons la run Shura any% glitchless (Sekiro), Kemist estime, si le runner connaît déjà le jeu, à vingt heures, le temps nécessaire pour arriver à passer une première fois. En revanche, sur un run RL1 (Rune Level 1 : terminé le jeu en restant niveau un) DLC% route enclume (Elden Ring), il faut multiplier par dix, donnant entre deux cents et cinq cents heures nécessaires pour passer la première fois au travers des douze boss alors que le moindre coup reçut vous renvois au point de départ. Cette catégorie est exigeante aussi bien sur les combats, les déplacements ou les skip. Au moment où l’on échange, Kemist est d’ailleurs encore en train de travailler sur cette route (en date de sortie de l’article, il détient la seconde place mondiale avec 24 min 26 s.). Elle fait partie des plus difficile qui garde toujours une partie de hasard qui fait que l’on est jamais certain d’arriver au bout lorsqu’on la commence.
Autre point important, pour optimiser votre performance, gardez l’œil ouvert. L’établissement d’un nouveau record est souvent synonyme d’une nouvelle découverte, d’un nouveau glitch (pour les catégories qui les autorisent) et donc d’une nouvelle stratégie. Kemist, sur les trois jeux qu’il pratique actuellement, vise à améliorer son temps dans les catégories les plus dures. Chaque nouvelle avancée est un gain de temps à un niveau où chaque seconde est cruciale, il est six secondes derrière le premier sur Elden Ring. Par exemple sur Dark Souls 3, début 2024, un nouveau glitch a été découvert sur un boss, ce qui fait gagner deux minutes donc le run est passé de 1h10 à 1h07’50” soit une optimisation de 3%, ce qui est énorme sur ce genre de route. De plus, ce glitch est plus facile à utiliser (pour les experts du run que l’on soit bien d’accord). Pour l’anecdote, le glitch précédent était l’elevator skip, difficile à mettre en place, qui a été remplacé par un autre qui permet de l’outrepasser ce qui lui vaut le nom d’elevator skip skip. Chaque nouvelle stratégie met en émoi la communauté, toute micro-optimisation ravive la course au record. Sur certains run de Sekiro, les challengers se suivent à la seconde près (les validations n’allant pas jusqu’au dixième de seconde, le hasard fait qu’il n’y a pas d’égalité), ils cherche donc à gagner la moindre demie seconde qui leur ferait gagner une place voire même obtenir la première place. Et je le rappelle, c’est le jeu FromSoftware dont le gameplay permet la plus grande mobilité, donc la recherche du saut qui permet de gagner quelques grains dans le sablier bat toujours son plein. Et de manière plus générale, les runners étant très attachés à leur jeu, l’évolution, lorsque c’est possible, est constante, il faut donc toujours rester à l’affût de la plus petite optimisation. Pour Kemist, même si la découverte ne lui sert pas directement, il reste curieux de voir les dernières trouvailles dans les jeux dans lesquels il run.

Le speedrun des souls n’étant pas si répandu que ça, il est difficile de vraiment parler de communauté française, elle est avant tout internationale. Même si les runners ont tendance à aller regarder les streams des copains qui parlent leur langue, le discord du speedruns des souls est international et on y trouve toutes les communautés de par le monde. C’est un lieu de partage des records personnels (PB), des découvertes. Chaque question trouve toujours une réponse donnée par quelqu’un qui connaît bien son sujet. Bien sûr, les chats Twitch sont également une importante source d’information, mais cela reste éphémère et principalement en lien avec ce que fait le runner. C’est plus intéressant lorsque le streamer tente un nouveau glitch ou une nouvelle route pour en discuter avec ceux qui sont présents. Nous avons donc deux méthodes pour récupérer des informations. Si le travail de groupe reste au cœur des échanges, il y a tout de même un peu d’esprit de compétition. Cependant, n’ayant rien à la clef, ça reste bon enfant, mais si elle est parfois rude. C’est principalement une course au temps pour obtenir ou garder la première place. Chaque nouveau record donne lieu aux félicitations de rigueur puis au réveil des challengers.
Aujourd’hui, il est difficile de parler speedrun sans évoquer Speedons, le week-end caritatif qui associe le jeu vidéo et Médecins du Monde. Je vous en parle plus bas. C’est lors de l’édition 2023 que j’ai découvert Kemist. Quel plaisir de le voir enchaîner les boss tout en faisant le show ! C’est vraiment ce qu’il essaie de faire avec son compère qui commente. En plus de proposer un run maîtrisé, c’est un véritable moment convivial qui vous est proposé. Il garde parfois les blagues qui lui viennent au cours de l’année pour le grand jour. Avec certains des commentateurs qui l’accompagnent, il fait quelques sessions en amont pour voir ce qui est possible de faire en duo. Du point de vue du run en lui-même, au lieu de faire un reset à chaque fois qu’il dépasse le temps prévu, il fait une moyenne en fonction des accidents et des imprévus, car pendant l’événement, il ne peut pas recommencer à l’infini. Le fait de devoir faire sa route en un seul essai l’oblige à ajouter des stratégies plus sûres. Il ne faut pas oublier que lors d’un marathon le timing est millimétré. Tout retard ou avance peut créer un décalage perturbant l’organisation. Ce qu’il apprécie, c’est l’interaction avec le public qui permet de l’improvisation en fonction de la réaction des personnes présentes. C’est bien évidemment, une source de stress, mais un stress positif qui lui permet de donner le meilleur comme clôturer l’édition 2023 sur un affrontement avec Malenia (Elden Ring) pour cent mille euros. Il faut savoir qu’à cette époque-là, il n’était qu’au début de sa vie de runner et totalement inconnu. Cette pression lui permet, maintenant, d’être beaucoup moins sensible au stress engendré par ce genre d’événement. Finalement, ce sentiment est souvent présent dans le speedrun, car lorsqu’une session devient une occasion de PB, le droit à l’erreur n’est plus permis. Que ce soit en solo, en stream ou en public, il aime bien cette sensation qui le pousse à se donner à fond.
Le temps est venu de lui demander ce qui fait, selon lui, un bon jeu à speedrun. Pour commencer, il faut que le jeu ait un bon rythme, qu’il limite les temps morts. Oubliez le speedrun de Red Dead Redemption 2. Il faut également qu’il y ait de la variété dans le run. S’il faut sans cesse faire le même glitch, cela va vite être ennuyant. Alors qu’un Zelda avec une stratégie dans laquelle chaque outil utilisé permet d’avoir une façon de “casser” le jeu est bien plus intéressant. Il faut également pouvoir passer les cinématiques qui, pour le speedrun, ne sont qu’une perte de temps. Il y a également des jeux qui sont tendances et c’est le cas des souls pour le moment. La plupart des runners de FromSoft débutants font des runs glitchless parce qu’ils ont du mal à se détacher du boss rush qui fait l’essence des jeux, mais aussi parce que les glitch sont difficiles à mettre en place. Ce qui fait avant tout un bon speedrun, c’est d’apprécier le jeu. La majorité des runners aime le titre de base et le speedrun n’est qu’une manière de prolonger l’expérience. D’ailleurs, depuis qu’il fait du speedrun, Kemist a abandonné le multigaming en stream, mais aussi à titre personnel. Les souls lui prennent tout son temps, pour le citer “[…] Je fais ça tout le temps, juste pour m’améliorer comme un dégénéré. ”, la passion du speedrun a pris le dessus sur celle de la découverte. Le dernier jeu hors FromSoftware auquel il a joué est Nier Replicant afin de se préparer au concert qui a eu lieu le 23 février 2024. Pour lui, ce n’est pas une contrainte, il s’amuse tellement dans sa discipline que dès le réveil, il pense speedrun. Avec la visibilité qu’il a gagnée pendant Speedons, il réussit, maintenant, à vivre de sa passion. Si on additionne tout ça, nous arrivons sur un Kemist qui fait des runs douze heures par jour et qui s’éclate, il en profite tant que ça dure. Ce n’est pas un rythme qui convient à tout le monde, comme le speedrun au sens large. Il faut vraiment se prendre au jeu, persévérer run après run, try après try. Le seul moyen de savoir si l’on est un potentiel runner, c’est de se lancer. La pratique du speedrun permet de développer de la rigueur du fait de devoir maîtriser son jeu de bout en bout. Concernant ses objectifs, Kemist n’est pas vraiment dans la course au record mondial. Jouant dans des catégories assez prisées, il est difficile d’être concurrentiel face à des runners qui ont des centaines voire des milliers d’heures de jeu. Il est plus dans le challenge personnel à tenter de battre son propre record.
Avant d’arriver au bout de ce papier, je tiens à vous faire une petite présentation de l’événement qui en est à l’origine, j’ai nommé Speedons. Pour la petite histoire, suite au succès d’événements caritatifs liés au jeu vidéo, Médecins du Monde souhaite proposer des levés de fond dans un contexte similaire. C’est alors qu’ils sont mis en relation avec Xavier Dang, plus connu sous le pseudonyme de Mister MV, grand amateur de speedrun. L’idée commence donc à germer. Initialement prévue pour débuter en 2020, la pandémie CoVid repousse Speedons à 2021, à l’Accord Arena de Paris. Le marathon rassemble, aidé de 59 runners, 614 255 €. Les éditions se succèdent pour arriver, en 2024, à 91 runners et 2 066 663 € au Centre des congrès de Lyon. Pour rappel, Médecins du Monde est une ONG médicale internationale qui a vu le jour en 1980. Totalement indépendante, elle vient en aide aux populations victimes de conflits armés, de catastrophes naturelles et à tous ceux qui n’ont pas accès aux soins. En 2019, l’organisation mène plus de soixante programmes dans près de cinquante pays. Nous verrons dans les heures qui viennent, si cette année encore, les généreux donateurs exploseront le dernier record.
Nous voici au terme de ce dernier épisode mensuel, mais comme expliqué en introduction, c’est loin d’être le dernier Game’n Breakfast. Les personnes qui méritent d’être mises en lumière ne manquent pas et j’ai à cœur de continuer ce travail passionnant et de vous le partager pour vous révéler l’envers du décor de l’industrie du jeu vidéo. En attendant, nous nous retrouvons rapidement en podcast (avec bientôt une petite surprise), dans d’autres papiers et sur les réseaux. D’ailleurs, vous êtes les bienvenus sur le discord de Point’n Think pour échanger sur un tas de choses ! Une dernière chose avant de partir !
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