Puyo puyo Tetris nintendo Switch 2

Puyo Puyo x Tetris / Dopamine x Réflexion

Puyo Puyo Tétris est un jeu… 
Parler de Puyo Puyo c’est évoquer… 
L’histoire de Tétris est tentaculaire et il faudra

Et puis zut. Trouver un angle pour cet article m’a semblé insurmontable. Pourquoi ? Pourquoi vouloir parler de Puyo Puyo Tetris, déjà ? Comment aborder un jeu qui reprend des formules que l’on pourrait penser éculées, des mécaniques que l’on connaît depuis… 1984 pour Tetris ? A-t-on encore des choses à écrire là-dessus ? Oui. Forcément. La question est toujours de savoir comment, sous quel angle, avec quel impact et quelle réflexion derrière… À moins que, justement, ce soit là le “problème”.

Puyo Puyo Tetris Nintendo Switch 2

Avant de développer, il faut que je vous raconte. Déjà, écrire “je” dans ce que je considère comme un article de presse est une forme d’hérésie, pour moi je veux dire. Une anomalie née d’un formatage dont aucun des journalistes ou rédacteurices n’est responsable, notez bien. Quelque chose de très personnel et à la fois très… éducatif ? On nous apprend à ne pas écrire “je”, parce que ce n’est pas notre avis qui compte, mais la réflexion que l’on expose… qui elle est née de notre avis, de nos valeurs, de ce qui nous constitue. 

C’est le serpent qui se mord la queue, mais ce n’est pas la seule raison. Il y a, derrière la non utilisation du “je”, une volonté aussi de vous laisser de la place pour vous projeter. Une porte ouverte pour que les “ce gameplay ne me convient pas, à moi, testeuse/journaliste” se transforment en “le gameplay est ainsi, il conviendra à certaines personnes et pas à d’autres, il souffre (ou non) d’un manque d’optimisation” ou que sais-je encore. À vous de vous faire une idée, de prendre les informations et d’en faire ce que vous voulez. Bien sûr, personne n’est dupe. L’objectivité n’existe pas (n’en déplaise à certains de mes étudiants)…

D’accord, d’accord, mais quel est le rapport avec Puyo Puyo Tetris ? J’y viens. Si je suis honnête avec moi-même, je sais pourquoi j’ai autant galéré à trouver un angle pour cet article, c’est parce que j’ai toujours envie (peut-être besoin aussi) de rattacher mes écrits à une réflexion plus globale, à un angle spécifique, de les inscrire dans quelque chose qui me tient à cœur ou qui fait avancer une sorte de réflexion collective. C’est une considération entre moi et moi-même, je sais bien que je me mets la pression pour pas grand chose, mais que voulez-vous, je n’y peux rien. 

Puyo Puyo Tetris Nintendo Switch 2

J’écris des tests, dans le but de vous conseiller ou non. Des analyses pour étendre le propos d’un jeu à ses motifs (coucou Home Sweet Home, la maison et Blue Prince !). Des interviews pour vous éclairer et vous faire découvrir des trucs… J’aime partager, raconter, info-dumper aussi à qui veut bien m’écouter.

Mais alors, avec un jeu comme Puyo Puyo Tetris, qu’est-ce que je pourrais bien écrire ? Quel est le but derrière ce jeu ? L’analyse pertinente de ces écrans aux couleurs saturées, de ces gameplay que l’on connaît depuis longtemps ? Est-ce que j’aurai un truc intelligent à vous raconter ? 

Et si c’était ça, le problème ?

Puyo-pamine

À trop vouloir analyser, j’en ai oublié de jouer. Ou plutôt non, je joue “pour moi”, sans exposer mes plaisirs vidéoludiques sans prétention ailleurs que dans des conversations sur les réseaux ou entre ami.e.s. Quelque part, j’ai oublié que mes articles aussi pouvaient refléter la recherche de dopamine et de satisfaction immédiate que ce genre de jeu peut me procurer. 

Et si j’en parle aujourd’hui, c’est parce que je pense que c’est aussi un problème plus vaste. Je ne dis pas qu’il faut arrêter de tout intellectualiser, au contraire. On a besoin de ces réflexions, de ces jeux qui nous poussent à réfléchir et à envisager les choses différemment. De ces jeux qui permettent de lutter contre la montée du fascisme, de faire la révolution, de nous faire réfléchir sur nos représentations et nos choix. 

Puyo Puyo Tetris Nintendo Switch 2

Mais on a aussi besoin de ne rien faire. De poser notre cerveau dans un coin de la pièce, de laisser le petit hamster de l’angoisse tourner tout seul dans sa roue et de ne retenir que le plaisir de la dopamine immédiate. De la satisfaction de voir les cubes s’empiler pile de la façon qu’il faut pour former une ligne, un groupe de couleur, sur un fond de musique pop-électro-survitaminée. 

Et c’est précisément ce qu’apporte Puyo Puyo Tetris. Une pause dans nos réflexions, une parenthèse qui demande des réflexes, qui fait appel à la mémoire tant musculaire que des gameplay des salles d’arcade d’antan, presque une poussée de nostalgie, même pour celles et ceux qui n’ont pas connu les salles éclairées aux néons clignotants des bornes. 

Est-ce qu’on lui en demande plus, au fond ?

La philosophie de la borne

D’une certaine façon, Puyo Puyo Tetris appelle à faire une pause. On a envie de scorer, de battre l’adversaire qui ne joue pas forcément au même jeu que nous (l’un peut jouer à Puyo Puyo quand l’autre est sur Tetris). On a envie de lui lancer des malus au fur et à mesure qu’on parvient à faire des lignes ou des groupes, bref à “ranger” notre espace de jeu. Rapidité, satisfaction du devoir accompli, on en vient même à oublier l’esthétique éculée des écolières en mini-jupe… Oui, là aussi il y aurait beaucoup à dire.

Mais on ne voit plus rien. Manette en main, seul compte le rectangle qui occupe, au final, un seul tiers de l’écran : notre zone de jeu. Que votre adversaire (IA ou personne à côté de vous sur le canap’) complète son écran seul.e. Vous allez la battre. Je vais la battre. Je vais empiler ces pièces, libérer le score, la dopamine, oublier mon cerveau toujours là-bas dans un coin du salon.

A little to the left Nintendo Switch

J’ai eu envie de tout laisser tomber, de continuer à empiler des trucs dans ma bulle… Un peu comme quand j’avais découvert A little to the left, jeu hautement satisfaisant de rangement et de placement d’objets dans des ordres différents mais tout aussi “dopamine libérateur”. Ou quand j’ai ouvert ce livre, ce week-end, qui m’a donné, enfin, une façon d’écrire cet article : L’art de lancer des choses, par le Comité des bons conseils, aux éditions des Bricoles, dédié “Aux galets de la Drôme, les meilleurs” (et si vous vous posez la question, ce livre existe bel et bien, lisez-le).

Je pourrais continuer longtemps. Vous racontez mes sessions endiablées avec moi-même, les scores que j’ai eu envie de battre alors que je venais tout juste de les réaliser. De l’art de me poser, quelques heures, sans réfléchir à autre chose que la meilleure façon de tenir ma manette pour être le plus efficace. 

Et parfois, ça fait du bien. Et pour une fois, ça m’a donné envie d’écrire cet édito, cet article qui pose quelques bases de réflexion (je ne peux pas m’en empêcher) sur notre rapport au jeu, ou même à cette notion de “plaisir coupable”. Parce qu’au fond, je pense que c’est aussi ça qui m’a empêché d’écrire cet article jusque-là. Le côté “plaisir coupable” d’un jeu qui n’apporte en apparence pas grand-chose, d’un jeu de Tetris qu’on connaît déjà depuis 1984, d’un Puyo Puyo qui ravive mes écholalies et dont on connaît aussi le gameplay depuis longtemps.

Doit-on se sentir coupable d’avoir juste envie de scorer ou de jouer à un jeu sans prise de tête ? D’écrire des choses plus personnelles, en montrant que cette fois, on met de nous dans ces articles ? Je ne pense pas. Alors bien sûr, ça ouvre d’autres réflexions, plus profondes, s’inscrivant dans une autre dimension d’articles et de dossiers. 

Hadès II Nintendo Switch

Mais des fois, j’ai juste envie d’oublier le monde et de me poser. Sur Hadès II en jouant la bourrine de base qui ne veut que TAPER ; sur un Tetris survitaminé où la moindre erreur peut apporter de nouvelles difficultés ; sur A little to the left pour ranger des trucs sur un écran plutôt que dans mon appart. 

Et promis, dès que j’aurai rechargé mes batteries, demain ou dans une heure, je reprendrais la réflexion et la lutte. J’analyserai ce qui fait de ce jeu une passerelle entre les genres. Pourquoi tel autre poursuit une réflexion science-fictive aux racines plus tentaculaires qu’il n’y paraît. Ce qui dérange une certaine partie de la population à ne pas réussir à s’identifier à une femme mais à ne voir aucun problème à jouer une brique dans un jeu Lego.

Faites part de vos réflexions