Interview - Aymar Azaïzia : Directeur transmedia et développement d’affaires

Aymar Azaïzia : Directeur transmedia et développement d’affaires

Le monde du jeu vidéo est riche en métiers. Quand nous pensons à cette industrie, nous avons l’habitude de mettre en avant les développeurs, les scénaristes ou les character designer. Pourtant, les possibilités professionnelles au sein du secteur sont extrêmement variées. C’est dans l’optique de faire découvrir tout ce qu’il est possible de faire au sein des studios que nous nous évertuons à donner la parole, en podcast ou à l’écrit, aux gens qui font vivre notre petit monde virtuel. Aujourd’hui, c’est Aymar Azaïzia, directeur transmedia et développement d’affaires chez Ubisoft, qui nous a fait le plaisir de nous parler.

Aymar Azaïzia Transmedia

Pour commencer, est-ce que tu pourrais nous parler de toi ? De ton parcours dans l’industrie et de ce que tu fais actuellement ?

Alors, j’ai commencé il y’a bien longtemps dans l’industrie. Si on parle juste du jeu vidéo j’ai commencé dans le mobile quand j’étais en France il y a une vingtaine d’années, puis j’ai rejoint Ubisoft à Montréal il y a 15 ans, et j’ai occupé toute sorte de postes allant du marketing à la production en passant par des postes plus créatifs, et pendant très longtemps uniquement sur Assassin’s Creed (c’était en voyant le premier que j’ai voulu rejoindre l’équipe qui l’avait créé). Depuis quelques années maintenant, je suis Directeur du département Transmédia et développement d’affaires à Ubisoft, et mon mandat principal est d’aider et de supporter le développement de nos marques, notamment sur différents formats (BD, manga, série, film, expérience en musée, en live, boardgame…) mais aussi produits (figurines, habillement…). Evidemment, on n’accomplit rien tout seul, j’ai une équipe géniale et des partenaires exceptionnels que ce soit en interne ou en externe !

Quand ton nom circule sur Internet, il est toujours associé à la licence Assassin’s Creed, mais as-tu contribué à d’autres sagas d’Ubisoft dont tu es tout aussi fier ?

J’ai adoré mes expériences avec Far Cry, Watch Dogs ou ce que les équipes de Siege (épisodes de Rainbow Six, NDLR) ont réalisé en quelques années, mais si je me montre honnête, ma plus grande fierté c’est d’avoir pu créer ce département et cette équipe. Le fait que Ubisoft m’ait fait confiance et voir mes collègues livrer des projets, c’est ce que j’apprécie le plus !

En parlant d’Assassin’s Creed, tu as notamment participé à l’adaptation cinématographique de la licence, réalisée par Justin Kurzel. Est-ce que tu pourrais nous en dire plus sur un projet aussi titanesque que le fait de transposer une œuvre dans un tout autre format ?

C’est en effet un projet titanesque, qui a également servi de socle à la création de l’entité Ubisoft Film and Television basée à Los Angeles. On a donc littéralement appris en se jetant dans le grand bain d’un coup. La plus grande complexité c’est de trouver les bons partenaires, de trouver une grammaire commune et de réussir à transposer ce qui fait l’ADN d’une licence sous un autre format. C’est un exercice que j’ai eu la chance de pratiquer sur de nombreux formats, et c’est toujours un défi, d’autant que nos envies et notre ambition ne sont jamais en reste !

Ça a été pour Ubisoft, et pour moi une expérience incroyable, un apprentissage de tous les instants, et ça nous a aidé à déterminer la marche à suivre, les formats à privilégier dans les années à venir. Je suis fier de ce projet et c’est pour moi une bonne entrée en matière, et on en est qu’au début !

Aymar Azaïzia Transmedia

Assassin’s Creed est une série qui fait beaucoup parler, en bien comme en mal malgré un succès constant. Elle est passée par plusieurs typographies de jeu, mais comment réagis-tu aux critiques qui déplorent le tournant light-RPG des derniers opus ? Est-ce que cela t’agace ou comprends-tu que l’ancienne recette soit si regrettée ?

J’en ai parlé récemment dans un de mes threads sur Twitter, c’est un phénomène qui n’est pas propre à Assassin’s Creed mais au changement qui touche les séries à succès qui durent dans le temps. Je donnais entre autres exemples Star Wars ou Final Fantasy, et on ne peut pas atteindre une masse aussi importante de fans dans le monde et réussir à contenter tout le monde et toutes les attentes. On fait des choix qui permettent de rester pertinent, actuel, et peu de franchises peuvent se vanter d’avoir cumulé autant de ventes, d’épisodes avec une qualité et une réception critique aussi solide. Du coup pour te répondre clairement, j’entends parfaitement que comme toutes les séries qui changent et essaient d’aller dans d’autres directions pour évoluer, certains ne s’y retrouvent plus, pendant que d’autres au contraire entrent et apprécient la nouvelle formule. Ce que je retiens c’est que ça en dit long sur la volonté et la capacité de Ubisoft à prendre des risques en acceptant de secouer une formule établie, et ce n’est évidemment pas un processus figé. La marque va continuer d’évoluer c’est le sens de la vidéo que nous avons diffusé pour les 15 ans d’Assassin’s Creed.

On a l’impression que le tournant a été opéré suite à la mauvaise réception d’Assassin’s Creed Unity, qui est à nos yeux l’un des meilleurs opus de la licence. La ville y était magnifique et son système de parkour est encore sans égale dans la série, sans oublier qu’il marquait le retour des assassinats libres. Sa mauvaise réception a-t-elle été mal vécue dans vos rangs ?

Pour te donner une réponse claire, il faut rappeler plusieurs éléments. Le premier, c’est que les jeux sont développés en parallèle. L’équipe de Assassin’s Creed Unity n’est pas celle de Assassin’s Creed Origins, ainsi quand Unity finissait son développement, celle d’Origins commençait déjà le sien. Le Directeur Créatif de Origins est aussi celui de AC IV Black Flag et il avait vraiment envie, maintenant que la technologie le permettait de se lancer dans un jeu Assassin qui remettrait l’Aventure à l’honneur, et l’architecture des villes du monde antique étant moins propice au Parkour urbain, l’idée avait été de recréer un monde, un pays et non pas de se concentrer sur une ville. 

Plus technique encore, Unity avait été un moment pivot dans l’évolution de l’engin, qui avait complètement repris le système de navigation, de combat, ajouté la coop, des bâtiments pour la première fois à l’échelle 1:1, un système de niveau, mais le cœur du combat restait animation-driven. Si Origins a bénéficié de certains des éléments il a servi de fondation à ce qui a été une seconde phase dans la franchise, on parle d’éléments light-RPG, même si ces derniers sont présents depuis longtemps dans la franchise, mais un des grands changements c’est justement le combat qui est hit-based maintenant, ce qui permet de gérer les armes à distances, les combats contre plusieurs adversaires de façon complètement différente. Le parkour a évolué pour répondre aux besoins spécifiques des mondes, et maintenant on peut escalader tous les éléments de décors…



Donc les retours qu’on reçoit sont évidemment pris en compte, et on itère sur chaque opus, mais il y a une forme d’inertie dans le développement qu’on ne peut pas ignorer, sans parler du contexte de la réception. Aujourd’hui on voit de nombreux joueurs redécouvrir le jeu sous une autre lumière, et les retours sont vraiment positifs pour un épisode effectivement solide dans la série !

Si tu devais citer un jeu sur lequel tu as travaillé dont tu es le plus fier, ce serait lequel ?

La question horrible en mode choisit un de tes enfants !!! Allez je vais y aller sur Assassin’s Creed II parce que c’est mon premier jeu Assassin, c’est la rencontre avec toute l’équipe dont beaucoup sont des amis aujourd’hui. J’ai appris énormément sur le développement, j’ai été entouré de gens qui m’ont fait confiance et qui ont compris que je n’étais pas du genre à refuser une mission parce qu’elle ne cadrait pas avec ma description de poste. On a fait bouger les choses et j’ai vécu des moments forts en passant un été entier à me dire, c’est fou, c’est impossible d’en faire autant et de tout mettre dans le jeu, et chaque jour, chaque version devenait meilleure, puis j’ai vécu mon premier E3 et rencontré Spielberg, Jon Landau, Pelé… Ca a été le début de la folle aventure !

Pour une équipe de créatifs, le plus dur n’est-il pas de devoir jongler constamment entre des envies artistiques précises et les attentes du public que vous pouvez voir partout sur les réseaux sociaux ? Les réseaux sociaux ont-ils un impact désormais dans les décisions qui peuvent être prises au cours d’un développement ?

Les RS ont un impact psychologique c’est certain, et un bon paquet de développeurs les ont désertés, mais en terme de développement on ne fait pas de « design by commitee ». C’est un exercice interne, une expression d’une vision créative qui doit prendre en compte le marché, les joueurs et les leurs attentes, mais on doit faire des choix et donner une direction qui n’est pas dictée par celui qui manifeste le plus fort. On regarde la compétition, les tendances, la technologie, nos envies, on se nourrit de culture, on regarde ce que les joueurs disent sur les RS, mais aussi dans des études, on a accès à des tonnes de chiffres qui nous permettent de comprendre comment jouent les joueurs, on regarde des vidéos, on teste nos jeux. C’est donc une des composantes qu’on regarde mais les décisions prises lors d’un développement de jeu s’appuient sur de nombreux facteurs.

Avec l’évolution des technologies et leur facilité d’accès, penses-tu que les jeux AA et indépendants ont une énorme carte à jouer dans les années à venir pour secouer l’industrie ?

Tu sais,  beaucoup de mouvements viennent des indies et de la scène du modding. Les DOTA like, l’explosion de CS, le Battle Royale, beaucoup de genres sont nés ainsi et les grands éditeurs ont mis leur expertise et force de frappe pour proposer leur version qui dans beaucoup de cas ont connu un gros succès, et c’est normal dans un marché de ce type de voir les indies et AA prendre plus de risques. It Takes Two a été sacré GOTY, on a de beaux titres qui poussent, mais c’est difficile, sur quelques titres qui marquent ou marchent, beaucoup passent entre les mailles du filet. 

Que penses-tu des services comme le Game Pass ou le Playstation Plus ? Beaucoup de gens en parlent comme la mort de la qualité en prenant souvent Netflix en exemple de fossoyeur de la production télévisuelle, mais oublient de pointer du doigt des catalogues comme ceux d’Apple ou de Canal pour montrer que ce modèle peut aussi rimer avec qualité.

Je ne peux pas répondre pour tous les créatifs, mais j’ai un petit avis sur la question. Les gens y vont souvent avec les tendances mais la réalité est assez différente. Netflix vient littéralement de sortir une des meilleures séries de ces dernières années avec Beef de A24, on pourrait parler des séries proposées comme Breaking Bad, Better Call Saul, ou des adaptations Marvel, Black Mirror, ou encore JV comme Cyberpunk, Castlevania, Witcher, les séries documentaires… 

Tout ça pour dire que leur objectif c’est le temps de divertissement. Cela se traduit par proposer une gamme extrêmement large, et on ne peut pas dire que la qualité globale des séries a diminué ces 10 dernières années. 

En ce sens, la stratégie du Pass ou du PSN+ est aussi de proposer une large gamme de jeux, et pas une concentration de AAA aux graphismes ultra-réalistes uniquement. Il suffit de regarder la qualité, les notes, la variété des jeux pour comprendre que les craintes ne se vérifient pas dans les faits. A un moment si c’était le cas, on aurait eu une uniformisation des genres, des réceptions critiques, des types de jeu et de direction artistique, mais c’est tout sauf le cas.

Comprends-tu que de nombreux indépendants les voient comme de merveilleuses possibilités, car elles diminuent la pression des ventes pour atteindre à minima l’équilibre financier ? Sans oublier la mise en avant des jeux quand ils sont disponibles sur les différents catalogues d’abonnement ?

Évidemment, j’ai plein d’amis et de collègues ravis d’avoir un financement et une exposition garantie. J’ai connu le stress des passages de gates en studio indépendant ou les paies ne tombent pas à la même date tous les mois. Je te promets qu’on aurait adoré ça, mais ça n’en fait pas une solution universelle ou adaptée à tous les jeux et studios.

As-tu un avis sur les Game As A Service ? Beaucoup d’entre eux fonctionnent avec une connexion à un serveur qui finit inévitablement par être débranché lorsque le jeu n’est plus rentable. Ça veut dire que des jeux qui sont achetés (donc des biens en possession du consommateur) peuvent devenir inaccessibles par décision de l’éditeur, et le joueur n’a aucun recours possible. D’un point de vue éthique et aussi de conservation du patrimoine, est-ce que cela ne pose pas un véritable problème ?

C’est effectivement une question complexe qui n’est pas arrivée avec les GaaS, mais avec le jeu online, et qui n’a pas toujours de réponse. De nombreux jeux et MMO ont complètement disparu, et la solution de serveurs privés peut parfois répondre au besoin de connexion de ces jeux mais il n’existe pas de solution idéale. J’aimerais un mouvement législatif pour contraindre en cas d’arrêt à des dispositions permettant d’émuler une authentification, de passer par des serveurs ou des clients P2P, mais c’est vraiment complexe, quand une architecture de jeu n’est pas pensée autour. Il y’a aussi la question des versions, certains jeux sont populaires, ou nous plaisent à des moments précis de leur cycle de vie, et si on est pas présent à ce moment ou avec cette version on peut rater l’expérience mais j’imagine que c’est aussi ce qui fait la saveur et l’importance de ces moments qu’on partage collectivement. Ils ne sont pas destinés à durer et peut-être que c’est intéressant aussi.

As-tu des modèles dans l’industrie ? Des gens qui t’ont donné envie de faire ce métier ?

Franchement non, je ne fonctionne pas trop de cette manière, mais il y a des carrières inspirantes, je peux facilement dire que Sir Ian Linvingstone te fait relativiser ce que tu as accompli. On parle d’un gars qui a contribué à distribuer Dungeons and Dragons en Europe, puis a cofondé Games Workshop, créé les livres dont vous êtes le héros, co fondé Eidos avec sous le coude Tomb Raider et Hitman… Bon quand tu es un geek comme moi, ça calme ! 

Afin de bien cerner tes aspirations, peux-tu nous parler de deux ou trois jeux qui t’ont profondément marqué et qui t’ont construit en tant que joueur et développeur ?

Je suis tellement joueur que c’est toujours un choix cornélien pour moi, mais impossible de ne pas citer FFVII et The Legend of Zelda: A Link to the Past dans les deux premiers. Ils m’ont montré ce que l’ambition et l’excellence pouvaient faire en se rencontrant dans un jeu. J’ai évidemment eu beaucoup d’expériences fortes, mais peu aussi marquantes. Évidemment je ne pourrais pas ne pas citer la série Civilization, en termes de choc clairement le premier ou le second opus, mais mon amour de l’Histoire, la profondeur et la richesse du titre, la puissance de la fantaisie offerte, je resterai un fan éternel de cette saga ! Bien sûr , on pourrait faire des raccourcis entre l’Histoire, l’aventure, l’exploration, les mondes vivants, et ce sont clairement des éléments qui inspirent et qui font rêver tous les dévs.

Vu que tu joues énormément, peux-tu nous faire part des jeux qui t’ont le plus marqué cette année ?

Avec l’année 2023 j’avoue que ça devient sportif de parler de mes coups de cœur, tellement ils sont légion… Je vais essayer de ne pas faire trop long mais Hi-Fi Rush qui m’a renvoyé aux grandes heures de la Dreamcast, j’ai adoré, ensuite Metroid Prime remaster, clairement le jeu n’a pas pris une ride, Like a Dragon Ishin qui sans toucher la maestria des épisodes plus canoniques m’a fait passer un excellent moment, RE4 remake est un des meilleurs jeux de l’année, un des meilleurs remake de tous les temps, c’est une entrée vraiment solide pour les nouveaux et un pur bonheur pour les anciens ! Octopath Traveller II est fantastique et dans mon top 3 facilement pour le moment.

Dans les gros titres j’ai beaucoup aimé Star Wars Jedi: Survivor, moins l’aspect hub open world dispensable, mais le titre est blindé de qualités. En parlant de qualité, Zelda TotK est aussi super généreux, et d’une efficacité redoutable.

Hogwarts Legacy, est une belle entrée en la matière, la magie s’est vite essoufflée pour moi, et on retournait à des poncifs de design assez datés, mais la réalisation, les mécaniques, le combat, sont solides pour un premier jeu, j’ai vraiment envie de voir une suite ! Sinon, Dordogne, Pikmin 4 et Sea of Stars c’est du bonbon. Je n’ai pas encore fait Armored Core VI et Diablo IV mais ça va venir, et je suis heureux de me replonger dans Cyberpunk avec son extension.

Pour conclure cette liste partielle, impossible de ne pas parler de MON jeu préféré de 2023, Baldur’s Gate III, qui fait tout ce qu’on attendait de Larian Studio, c’est à dire de nous livrer encore une fois un CRPG incroyable, d’une richesse sans fin, avec des options d’incarner des personnages gargantuesques, une écriture solide, une réalisation de AAA qui met à l’amende des jeux énormes et attendus, rien que d’en parler j’ai envie d’y retourner !

Que penses-tu de l’état de la presse vidéoludique actuellement en France ? Est-ce que l’émergence de projets comme Origami, Sumimasen Turbo ou même Point’n Think te font penser qu’un changement est en train de s’opérer ?

Je prends une grosse inspiration, je souffle fort, et je m’envoie une autre gorgée de café chaud avant d’oser me lancer…

Alors si je devais faire un état de l’art, c’est difficile pour moi de me satisfaire de la situation actuelle en matière de presse vidéoludique. D’une part, la presse papier a été réduite à peau de chagrin, et les sites institutionnels des années 2000 sont pour la plupart réduits à du publipostage glorifié ou de la course au sensationnalisme. Ça ne condamne pas tout ce qui est fait, écrit, ou les personnes qui œuvrent sur ses sites, mais on est loin d’avoir une proportion d’articles de qualité ou de fond intéressant et au niveau surtout de ce que représente le jeu vidéo. On parle de l’industrie du divertissement la plus riche et prospère bien avant le cinéma, la musique, les jeux de sociétés, le théâtre… Et si on fait le tour des sites, œuvres, journaux spécialisés, on reste bien en dessous de ces différents secteurs.  

On a enfin, surtout assisté à une translation des concentrations de communication au travers de la presse spécialisée envers les influenceurs, streamers et youtubeurs qui captent bien plus d’attention, ce qui a conduit le média à renforcer ce que je m’aventurerai à qualifier de presse d’opinion à défaut de presse spécialisée. On glorifie les avis, on se réjouit de savoir que ce qui compte ce sont les goûts de tout un chacun, et on érige l’opinion au-dessus de l’analyse. 

Au final, entre la dépendance à des annonceurs ou celle d’une communauté, qui via son patronage, ses dons, nous fait vivre, et à qui il faut faire plaisir, on finit par créer de nouvelles formes de dépendances et obligations, et je ne peux que saluer le courage de tous les vidéastes indépendants, de Sumimasen Turbo, Origami, Point’n Think ou des irremplaçables Canard PC… Je soutiens vraiment au mieux ces projets, je participe dès que possible et si comme toujours, nous ne sommes pas en accord sur tout, on partage clairement une philosophie et des envies pour le secteur. C’est tellement précieux qu’il faut le souligner et encourager ces initiatives.

J’espère effectivement que l’on ne restera pas dans des épiphénomènes mais dans une prise de conscience, une réalisation que beaucoup de joueuses et de joueurs sont en attente d’une presse différente, de qualité, éthique, honnête, rigoureuse et qui ne nous dit pas toujours ce qu’on a envie d’entendre, mais qui nous dit toujours ce qu’on aura besoin d’entendre.

Histoire de poser la manette, qu’est-ce que tu aimes en dehors des jeux vidéo ? Qu’est-ce qui te branche au niveau musique, cinéma, série télé ou littérature ?

Alors, en musique j’ai réalisé que j’étais devenu un daron quand le jazz est devenu ma musique de base pour bosser et qui passe en fond souvent dans la journée. Mais en transport ou quand j’ai pas besoin de me concentrer j’écoute surtout du rap US ou du vieux son de rap français, voir des artistes qui ont des lyrics travaillés (rien de populaire quoi), toujours du rock indie, et parfois des classiques du metal pour me mettre la patate et en souvenir des années de jeunesse ou j’enchainais les concerts ! 
Au niveau ciné, faut comprendre que j’ai grandi avec un oncle qui avait un vidéoclub, j’ai du coup des goûts éclectiques mais sans rogner sur la qualité. En ce moment je me refais des classiques du ciné US des années 70-80 (Serpico, Dog Day Afternoon, trilogie du Parrain, King of Comedy, Taxi Driver… Et je parle des films que j’ai en 4K ou BR à la maison…). J’aime aussi des films de genre (western, Hong Kong, horreur), je fonctionne par phase, et y’a du bon et du génie dans tous les styles pour moi.

Dans les séries je suis sur la fin de Better Call Saul, après avoir fait un second run de The Expanse et Beef que j’ai beaucoup aimé, très frais et différents.

Littérature, en roman j’ai commencé Star Splitter de mon ami Matt Kirby, et juste avant j’avais lu la biographie storyteller de Dave Grohl. En manga je continue Jojo et la réimpression de Hokuto no Ken, et en comics je suis sur le run X Men d’Hickman, j’ai fini le one shot indie Do a Power Bomb et je continue pas mal de série genre Monstress, Once and Future et Saga… Je sais que ça fait beaucoup mais c’est important de comprendre aussi que tous les développeurs sont des passionnés.On ne nourrit pas correctement une passion en ne faisant que ça, et en restant en vase clos. Il est fondamental de regarder et de se nourrir de ce qui se fait ailleurs. Ça ouvre des perspectives, ça inspire, et pour moi qui en plus ait la chance de travailler sur différents types de projets c’est fondamental.

 Mais je ne néglige pas le sport et mon amour des art martiaux et sport de combat, les jeux de figurines et boardgames, les jeux de rôle papier et au-dessus, et avant tout ça mon job le plus important, celui de papa qui consiste essentiellement à transmettre toutes ces passions à des mini-moi !

Aymar Azaïzia Transmedia

1 Comment

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Jango Jackrépondre
décembre 7, 2023 at 10:42 am

Et un article de plus à imprimer pour la 12, un ! (ouep comme pour Horror 404 qui est chez vous, j’imprime les doss’ et papiers bien léchés/travaillés 😉)
Puis là c’est le Père Azaïzia, on est pas en terrain inconnu, toujours un réel plaisir à l’entendre (ou le lire)!
Des encouragements la team!
Jango Jack (Touch Tablet sur YT)

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